Rodri est un milieu de terrain génial, aux statistiques de buts et de passes décisives honorables. C’est aussi un milieu de terrain qui fait gagner ses équipes et surtout c’est le nouveau Ballon d’Or 2024. Lui qui est un joueur qu’on ne remarque qu’en prêtant attention au jeu, n’a jamais autant brillé que ce lundi. Sûrement parce qu’une fois sorti des terrains, le Citizen est un type normal.
Rodri a été nommé ce lundi le “meilleur joueur du monde”. Un sacre assez singulier, puisque mis à part celui de Luka Modric en 2018, il faut remonter à 2006 pour retrouver la trace d’un Ballon d’Or qui n’était pas un attaquant, en la personne de Fabio Cannavaro. Mais plus qu’une nomination symbolique pour les travailleurs invisibles des terrains de football, ces joueurs au service du collectif aux feuilles de statistiques peu remplies, celle-ci est peut-être la victoire d’un type normal. Quand, sur la scène du théâtre du Châtelet, le joueur de Manchester City a lâché que cette récompense était celle “des joueurs espagnols, comme Iniesta”, il n’a pas fait référence qu’à son compatriote qui aurait tant mérité de recevoir cette distinction lui aussi. Mais également au personnage, le genre qui semble redevenir un homme normal lorsqu’il n’est pas sur les pelouses des plus grands stades du monde.
Tellement normal et que quelques uns de ses premiers mots ont été directement adressés à Dani Carvajal, son coéquipier en sélection et adversaire en club, qu’il jugeait méritant pour cette récompense. Et à qui, avec classe, il a donné une excuse pour son absence, à cause d’une “blessure”, alors que tout le reste de la délégation madrilène a manqué à l’appel, Vinicius (2e) et Jude Bellingham (3e) compris. Sans les nommer, il a tout de même eu un petit mot pour eux : “C’est quand même incroyable de se retrouver sur un podium avec ces joueurs, aussi jeunes en plus. C’est d’autant plus incroyable et porteur que d’être entouré de joueurs comme eux”.
Normal comme un gars de 28 ans, qui a grandi en pleine vague des réseaux sociaux et qui n’a pourtant pas de compte Instagram où poster une belle photo de lui avec son Ballon d’Or. Et avec lequel il pourrait faire de jolis posts pour parler du fait que sur l’année écoulée, il n’a perdu qu’un seul match, sélection et club confondus. Ou pour relayer les éloges que chaque entraîneur qui le voit passer sous ses ordres lui adresse. “Je ne suis pas un gars des réseaux sociaux. C’est pour ça que les gens ne me connaissent pas beaucoup. Je suis quelqu’un d’assez simple, j’essaye de profiter de la vie jour après jour, d’être un leader dans mon équipe, j’essaye de m’améliorer en tant que personne et en tant que joueur”, résume-t-il.
Un Ballon d’Or et des béquilles
“Je suis très calme, jusqu’au moment ou je m’énerve. Je crois que c’est ce qui me décrit le mieux.” On croirait entendre un candidat de téléralité se présenter en quelques mots. Heureusement qu’il ajoute ensuite être “un homme normal, pas du tout excentrique et qui essaye de faire de son mieux.” Et qu’il aimerait “remercier Dieu, parce qu’avec ses valeurs et de la persévérance, on y arrive toujours“, pour rappeler que nous étions bien à une cérémonie officielle.
On dit souvent que les immenses joueurs sont des surhommes, des monstres, qu’ils viennent d’une autre planète. Rodri, lui, est arrivé en béquilles, se déplaçant lentement, comme il le fait sur un terrain de football, balle au pied, dictant le tempo du jeu de son équipe. Lui qui est lourdement blessé au ligaments croisés du genou droit va “un peu mieux” et se retrouve sur la touche pour “la première fois de sa carrière.” Alors il essaye de “voir le côté positif de tout ça, c’est à dire de profiter de la famille, passer plus de temps avec eux.” Ces mêmes personnes avec qui il compte fêter son Ballon d’Or, auquel il compte bien faire une place dans son lit pour la nuit.