Cuba totalement privée d’électricité à la suite de l’arrêt de sa principale centrale thermique

Jeudi, le gouvernement avait annoncé l’arrêt du travail dans le secteur public, parmi d’autres mesures, pour faire face à la crise de l’énergie qui touche l’île et ses dix millions d’habitants.

L’arrêt de la principale centrale thermique de Cuba a provoqué une panne sur tout le système électrique de l’île, a déclaré, vendredi 18 octobre, le ministère de l’énergie et des mines. Cette paralysie privait toujours de courant les 10 millions d’habitants samedi.« Il n’y aura pas de répit » tant que le service ne sera pas « totalement rétabli », a déclaré vendredi soir le président Miguel Diaz-Canel, lors d’une réunion de crise, retransmise par la télévision d’Etat.

« Le système est sans électricité dans tout le pays », après l’arrêt de la centrale thermique Antonio-Guiteras, dans le centre-ouest du pays, avait annoncé à la mi-journée à la télévision d’Etat Lazaro Guerra, directeur général de l’électricité au ministère de l’énergie et des mines. M. Guerra a précisé que, quand la centrale électrique s’est arrêtée, « le système s’est effondré », provoquant une panne géante.

En début de soirée vendredi, la compagnie électrique nationale (UNE) a affirmé avoir généré, grâce à des « microsystèmes » annexes, un niveau de courant minimal, qui devrait être utilisé pour relancer les centrales thermoélectriques et générateurs flottants dans plusieurs provinces du pays, et qui bénéficie d’ores et déjà à quelque 19 000 personnes sur l’ensemble de l’île. Mais, à la nuit tombée, les larges avenues de La Havane étaient plongées dans le noir, à l’exception de points de lumière fournis par certains hôtels, hôpitaux et quelques restaurants ou bars privés pouvant faire fonctionner des générateurs, a constaté l’Agence France-Presse (AFP).

« Nous vivons une situation terrible avec cette coupure », témoigne, au bord des larmes, Betsabe Valdes, 40 ans, venue prendre l’air sur une avenue du centre de La Havane pour éviter la chaleur de son appartement. « Nous n’avons pas de gaz, nous n’avons pas d’électricité, la vie est difficile car nous avons une petite fille », ajoute-t-elle, en désignant sa nièce âgée de 1 an. « Les enfants petits et les personnes âgées sont celles qui souffrent le plus », poursuit-elle.

Jeudi, le président cubain avait annoncé que Cuba se trouvait en situation d’« urgence énergétique » du fait des difficultés pour acheter le combustible nécessaire à l’alimentation de ses centrales, à cause du renforcement de l’embargo que Washington impose à l’île communiste depuis 1962. « C’est une démonstration de plus de tous les problèmes que le blocus nous cause », a-t-il martelé vendredi soir.

« C’est aberrant », a déclaré à l’AFP Eloy Font, un retraité de 80 ans vivant dans le centre de La Havane. « Cela démontre la fragilité de notre système électrique (…) il n’y a pas de réserve, il n’y a pas de quoi maintenir ce pays debout, on vit au jour le jour », a-t-il pesté.

Des centrales vétustes

Depuis trois mois, les Cubains souffrent de récurrentes coupures de courant devenues de plus en plus fréquentes. Jeudi, le déficit énergétique national, qui oscillait autour de 30 %, a atteint les 50 %, renforçant l’exaspération de la population. Les cours ont été suspendus à tous les niveaux dans le pays jusqu’à lundi, et tous les lieux de divertissement ont été fermés.

Les premières restrictions remontent à mars, avec les difficultés croissantes du gouvernement de se fournir en combustible et en pièces nécessaires au fonctionnement et à la réparation des centrales thermoélectriques vieillissantes du pays. Ces dernières semaines, dans plusieurs provinces, les coupures ont duré plus de vingt heures par jour.Jeudi, le premier ministre, Manuel Marrero, avait annoncé la suspension de tous les services publics non essentiels afin de donner la priorité à l’approvisionnement en électricité des hôpitaux, entreprises et foyers.

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