Depuis le 11 novembre dernier, Maurice a accueilli, avec ferveur, un tout nouveau gouvernement. L’Alliance du Changement, réunissant le Parti Travailliste (Ptr), le Mouvement Militant Mauricien (MMM), les Nouveaux Démocrates (ND) et Resistans ek Alternativ (ReA), placée sous la férule du Dr Navin Ramgoolam, a obtenu un large plébiscite, recueillant au-delà de 62 % des suffrages exprimés. Ces résultats ont amené une victoire écrasante lors de l’exercice démocratique, en raflant les 60 sièges éligibles.
Suite à ce raz-de-marée, il a fallu que la Commission électorale, dirigée par l’infatigable Irfan Raman, procède à désigner, par un calcul précis, quatre best losers, notamment Joe Lesjongard et Adrien Duval et deux Rodriguais, afin que ces derniers puissent composer les bancs de l’opposition. Une situation d’autant plus remarquable puisque les deux députés correctifs de Rodrigues ont choisi, quant à eux, de rejoindre les rangs de la majorité gouvernementale.
Pour répondre à son adversaire principal durant la campagne, le Dr Ramgoolam et ses alliés, ont eux aussi, formulé des promesses, certaines paraissant presqu’irréalisables. Or, l’équipe du Dr Ramgoolam ne pouvait mesurer l’ampleur des dégâts laissés en héritage : finances publiques dilapidées, chiffres falsifiés, des mensonges méticuleusement élaborés et des complots savamment ourdis, pour garder le peuple mauricien dans le noir. Bien que la corruption dans certaines institutions ne soit plus un secret, personne n’aurait imaginé à quel point des crimes économiques, souvent qualifiées de « white-collar crimes », étaient normalisées, même institutionnalisées. Il faut maintenant mettre de l’ordre. L’heure est au nettoyage.
La première nomination annoncée par le nouveau gouvernement, celle de Me Gavin Glover, SC, au poste d’Attorney General, a été accueillie comme une bouffée d’oxygène. Avec cet éminent juriste à la réputation irréprochable, le Premier ministre semble vouloir procurer une rigueur légale à la gestion de l’État, un signal fort pour restaurer la confiance.
Autre nomination marquante, le Dr Rama Sithanen prend les rênes de la Banque de Maurice. Grand économiste de renom, ancien ministre des Finances, ce dernier inspire une crédibilité indéniable. Sous sa gouvernance, il est peu probable que les pratiques douteuses, récurrentes ces dernières années, soient désormais tolérées. Avec lui, « pena kata kata ». Son travail, déjà entamé, nous permettra bientôt de mesurer toute l’étendue des dysfonctionnements des cinq dernières années, voire même dix. Comme l’a dit un jour Abraham Lincoln « Vous pouvez tromper tout le monde pendant un certain temps ou quelques personnes tout le temps, mais vous ne pouvez pas tromper tout le monde, tout le temps. », cette citation résonne particulièrement aujourd’hui, alors que le pays aspire à la transparence et à une gestion plus intègre.
Evidemment, il faut donner du temps au nouveau gouvernement pour remettre les pendules à l’heure. On constate que les mauriciens sont pressés à l’approche de la période festive et ils veulent que les prix des commodités essentiels baissent rapidement ou que le 14e mois leur soit payé illico, mais à tort, ils ne comprennent peut-être pas que tout doit se faire suivant un cadre légal et de manière transparente. Non à l’opacité dans notre pays. Disons-le donc : Patience is a virtue !
Stellio Antonio