Voilà deux ans que Didier Deschamps s’attèle au plus grand défi de sa carrière de sélectionneur : repenser une équipe qui perd un à un ses totems et ses champions du monde 2018 (Giroud et Griezmann récemment). Les cadres sont partis, tous n’ont pas été remplacés avec la même réussite. Or l’avenir de cette équipe dépendra de la réussite du sélectionneur à remplacer les irremplaçables.
Voilà Didier Deschamps empêtré dans la séquence la plus périlleuse de ses dix dernières années de mandat. Non pas parce que Kylian Mbappé fait absolument tout ce qu’un capitaine ne devrait pas faire. Les soucis du sélectionneur dépassent le cas du Madrilène, ils sont plus larges et aux conséquences potentiellement bien plus dangereuses pour les Bleus. Deschamps doit gérer un renouvellement de génération qui s’accélère à une vitesse inattendue et fragilise son équipe. Il ne lui reste que 5 des 23 champions du monde de 2018 : Alphonse Aréola, N’Golo Kanté, Ousmane Dembélé, Lucas Hernandez et Kylian Mbappé, quand celui-ci considère l’équipe de France avec le respect qu’elle mérite.
Dès lors, le renouvellement contraint depuis la Coupe du monde 2022 au Qatar ne s’opère pas dans toutes les lignes avec la même efficacité. Tout dépend, bien sûr, du réservoir et de l’anticipation d’un sélectionneur qui a pu se préparer avec plus ou moins de temps selon les cas. Aujourd’hui, les forces et les faiblesses de l’équipe de France épousent les réussites et les échecs d’un chantier dont dépend le futur des Bleus à court et moyen terme.
Lloris, une succession comme une évidence
Mike Maignan patientait en salle d’attente depuis trois ans exerçant une pression de plus en plus constante sur le totem Hugo Lloris. La succession de l’ancien capitaine n’avait rien d’évidente parce qu’il était incontournable depuis plus de douze ans en éteignant toutes formes de concurrence grâce à un niveau exceptionnel lors des moments qui comptent. Maignan a profité des dernières années de Lloris pour émerger parmi les potentiels successeurs, il s’est glissé dans ses habits avec une facilité déconcertante jusqu’à devenir, avec William Saliba, le Bleu le plus fiable du dernier Euro. Lloris est parti parce qu’il savait que la maison serait bien gardée et si toutes les successions s’étaient déroulées comme dans son but, la France n’aurait aucun souci à se faire.