L’OL et Manchester United ont livré une bataille absolument phénoménale jeudi soir à Old Trafford en quart de finale retour de la Ligue Europa (5-4 après prolongation). D’un côté comme de l’autre, les émotions qui ont traversé les acteurs de la rencontre sont d’une intensité rarement voire jamais égalée pour certains. Leny Yoro est aux anges, Malick Fofana n’a jamais rien éprouvé de tel.
Ont-ils seulement réussi à s’endormir, les uns comme les autres ? Alexandre Lacazette, Bruno Fernandes, ce petit garçon anglais dont les larmes s’accrochaient aux yeux à la 110e minute et qui ont dû couler pour de bon, mais pour les bonnes raisons, quelques instants plus tard ? Pour certains acteurs, mais tous témoins jeudi soir de cette véritable tragédie grecque qu’a été ce quart de finale retour de Ligue Europa entre Manchester United et l’Olympique lyonnais (5-4) ?
Sortis victorieux de cette rencontre d’anthologie, les Red Devils sont pourtant passés tout proches d’une nouvelle désillusion, aussi proches que les Lyonnais d’un sensationnel exploit. Après avoir été menés 2-0 jusqu’à la 70e, les hommes de Paulo Fonseca ont égalisé pour arracher une prolongation, ont encore marqué deux fois malgré l’expulsion de Corentin Tolisso juste avant la fin du temps réglementaire pour mener 4-2, avant de s’écrouler et d’encaisser trois buts en toute fin de prolongation pour finalement s’incliner 5-4. Du Sophocle. Ou du Shakespeare, rendons hommage aux locaux. Un match dont personne n’est sorti indemne.
“Honnêtement, je pense que c’est le match le plus incroyable de ma vie, avait du mal à réaliser Leny Yoro après la rencontre au micro de Canal+. Il y a eu, quoi, trois buts en cinq minutes ? Ça montre que Old Trafford, c’est vraiment le théâtre des rêves. Je crois qu’on l’a prouvé ce soir.” Né en 2005, le jeune Français en verra peut-être d’autres mais il est certain que cet immense match gardera pour lui une inégalable saveur, comme pour son coach Ruben Amorim.
“Le son du stade était le meilleur que j’aie jamais entendu, s’extasiait le Portugais devant TNT Sports après le 5e but mancunien. Certains collectionnent des t-shirts, des écharpes. Moi, je veux garder ce son, c’est le meilleur son du monde. Je pense à ceux qui ont dû quitter le terrain à 4-2 à cause des bouchons, ils vont être dégoûtés.“
Lyon a vu le diable
Plus dégoûtés encore seront les Lyonnais, passés eux aussi par toutes les émotions jeudi soir. Ils avaient eu la force de revenir dans le match après une première période manquée, ils avaient réussi le tour de force de passer devant au score en luttant avec un joueur en moins sur la pelouse, et ils ont dû repartir vidés, physiquement comme mentalement, écœurés par une fin de match dont ils se souviendront toute leur vie. Malick Fofana, premier interrogé après le coup de sifflet final, situait déjà la frustration qui le tiraillait. “C’est la première fois (que je ressens une émotion comme celle-là, ndlr). Je pense que c’est un match que je ne vais pas oublier.”
“Franchement, ça va être dur de parler”, a eu l’amabilité de prévenir Corentin Tolisso lorsque Canal+ l’a interrogé quelques minutes après la fin de la rencontre. Chef de la révolte d’abord, expulsé ensuite, le capitaine lyonnais a assisté à la fin de match des tribunes. Un crève-cœur. “C’est compliqué, on est passé par beaucoup d’émotions. (…) Les gars ont été vraiment énormes, ils ont réussi à marquer deux fois. D’où j’étais, j’étais super fier. A 4-2, il restait dix minutes, on s’est peut-être dit que c’était fait. Mais dans le football, rien n’est jamais fait, on l’a encore vu ce soir, rappelait comme pour mieux se flageller le Rhodanien. C’est l’un des pires matches de ma carrière, c’est sûr, avec ce carton rouge, cette élimination… C’est très, très dur.” L’OL va pourtant devoir s’en remettre bien vite pour accrocher une qualification européenne en championnat, histoire de se donner le droit de rejouer de telles rencontres. Et de pouvoir, une prochaine fois, en sortir avec le sourire.
