De plus en plus utilisée dans les systèmes de défense, l’IA soulève des questions cruciales quant à son recours dans des situations mettant en jeu la santé et la vie humaine, soulignent Jean Ponce et Isabelle Ryl, dans leur carte blanche au « Monde ».
À l’heure où les tensions internationales sont les plus graves depuis la guerre froide, où la guerre est de retour sur le sol européen et où les conflits asymétriques se multiplient, l’IA est devenue un enjeu majeur de défense. L’analyse d’images en est un exemple frappant, que ce soit pour la télésurveillance par des satellites, le guidage de missiles ou l’aide à l’identification de cibles. La start-up française Preligens a d’ailleurs été pionnière en la matière avec une analyse fine des forces en présence lors des « jeux de guerre » russes (Zapad) de 2021.Le domaine de la défense bénéficie aussi des progrès récents en IA générative pour la traduction et le suivi automatiques des communications et, pour ses nouveaux équipements, des dernières avancées en aide à la prise de décision, logistique ou robotique. Le système de combat aérien du futur (SCAF) développé par l’Allemagne, l’Espagne et la France pour remplacer le Rafale n’est d’ailleurs plus un simple avion de combat mais un système complexe intégrant des drones, connecté au reste de la flotte et prêt à bénéficier de ces progrès.
La guerre russo-ukrainienne a vu, quant à elle, le premier usage massif dans un conflit de haute intensité de drones « sacrifiables » dont le coût (quelques milliers d’euros) n’a rien à voir avec celui des véritables (petits) avions de combat que sont les Predator ou Reaper, popularisés par Hollywood (de dix – 8,96 millions d’euros – à vingt millions de dollars par unité). Leur usage est amené à se multiplier, avec en parallèle des améliorations grâce à l’IA de leurs capacités de coordination, de navigation, de visée, etc.