Kylian Mbappé signe une saison assez remarquable pour sa première année au Real Madrid, qui reçoit Majorque mercredi (21h30) lors de la 36e journée de Liga. Alors que son équipe, proche de vivre une saison blanche, a nettement baissé de niveau après avoir tout gagné l’an dernier. L’état de forme flamboyant du PSG, que le Bondynois a quitté l’été dernier, rend le paradoxe encore plus troublant.
La phrase n’était pas totalement passée inaperçue quand elle était sortie de la bouche de Kylian Mbappé. C’était le 4 mars 2023, juste avant le 8e de finale retour du PSG face au Bayern Munich en Ligue des champions. “Si ce match aura une incidence sur mon avenir ? Je ne pense pas. Si je liais mon avenir à la Ligue des champions, et je ne manque pas de respect au club, je serai parti très loin !”, avait lancé l’attaquant parisien dans un éclat de rires. Un peu plus de deux ans plus tard, cette petite phrase a massivement été reprise sur les réseaux sociaux. Et pour cause.
Les railleries fusent sur le Bondynois. Il a quitté le PSG l’été dernier et Paris s’est est franchement bien remis. Champion de France, finaliste de la Coupe de France, le club de la capitale est surtout qualifié pour la finale de la Ligue des champions, grâce à un niveau collectif qu’il n’avait certainement jamais atteint jusqu’ici. Le Real Madrid, que Mbappé avait rejoint l’été dernier, connaît la trajectoire inverse. Il est sur le point de vivre une saison blanche après avoir tout raflé l’an dernier. Et sa supériorité collective, clé de son succès en 2024, s’est totalement délitée.
La coïncidence peut légitimement paraître troublante. Et le dénominateur commun évident. En quittant Paris pour Madrid, Mbappé aurait emmené les maux du PSG dans ses valises ? Il réalise pourtant une saison assez remarquable. Avec son triplé dimanche lors du Clasico à Barcelone, il a porté son total à 38 buts toutes compétitions confondues. Plus que n’importe quel autre joueur lors d’une première saison au Real, dans un club dont l’histoire se nourrit des stars les plus légendaires. Mais comme un symbole, malgré les trois buts de Mbappé, le club merengue s’est incliné (4-3).
Le départ de Kroos, mais pas que…
Il n’a jamais retrouvé les vertus collectives de la saison passée. Sans que cela soit forcément, ou totalement, lié aux conséquences de l’intégration du champion du monde 2018 dans le système de Carlo Ancelotti. L’entraîneur madrilène, et futur sélectionneur du Brésil, a aussi été contraint de composer avec le départ de Toni Kroos l’été dernier. L’Allemand était le métronome de son Real, celui qui garantissait le liant des circuits de passe madrilènes et l’équilibre de son bloc. Le poids de son absence était criant sur l’ensemble de la saison.
C’est un mal qui a plombé Ancelotti dans sa quête d’un nouvel équilibre pour la Maison Blanche. Ce n’est pas le seul. Le technicien italien s’est attaché à faire cohabiter toutes ses stars offensives avec l’arrivée de Mbappé. Il lui a fallu modifier le positionnement de Vinicius Jr., Jude Bellingham et Rodrygo. Ancelotti a multiplié les formules en cherchant le bon compromis, celui qui aurait permis de garantir un équilibre collectif tout en optimisant le rendement de ses atouts offensifs. Un défi qui ressemble à celui auquel les différents entraîneurs du PSG ont fait face avec Mbappé, d’Unai Emery à Luis Enrique en passant par Thomas Tuchel, Mauricio Pochettino ou Christophe Galtier.
Pour chacun de ces techniciens, Mbappé n’était qu’une donnée parmi d’autres dans une équation si délicate à résoudre. Car elle repose aussi sur une dimension plus politique. Malgré son vécu et sa faculté prouvée à gérer les egos des stars, Ancelotti n’y a pas vraiment échappé. Il s’est très (trop ?) rarement risqué à sortir Vinicius, Bellingham ou Mbappé en cours de match, dans une situation qui n’est pas sans rappeler celle de Pochettino ou Galtier avec Neymar, Lionel Messi et déjà Mbappé au PSG.
