Raphaël Varane a mis un terme à sa carrière ce mercredi à 31 ans seulement mais après une carrière riche. Il laisse derrière lui 14 années de très haut niveau, des trophées à la pelle et surtout une élégance sur et en dehors du terrain. Raphaël Varane, c’était la classe incarnée : un maillot toujours propre, un sourire, une histoire flamboyante des Bleus et du Real. Il va nous manquer.
Ce soir-là, le 22 mars 2013, alors que Raphaël Varane vient de jouer son premier match en Bleu et qu’il raconte son bonheur aux journalistes, Mamadou Sakho joue les fauteurs de trouble et fait un vœu : “J’espère que ça va durer.” Mercredi 25 septembre 2024, Varane raccroche pour de bon. L’aventure aura duré 14 ans et le souhait de Sakho a été exaucé sans doute au-delà de ses espérances. La carrière de Raphaël Varane s’entremêle avec deux des plus grandes réussites de la dernière décennie : l’hégémonie du Real Madrid en Ligue des champions et l’émergence des Bleus comme l’une des plus grandes puissances du monde.
Dans ces deux histoires, il a joué un rôle central ce qui lui a permis d’amasser des titres à ne plus savoir qu’en faire et sa carrière ne pouvait pas se terminer autrement que sur une victoire en Cup à Wembley. Une Coupe du monde, quatre Ligue des Champions : Varane possède peut-être le plus beau palmarès du football français. Voilà qui restera comme le fait saillant de sa carrière et quand on se retournera sur ses accomplissements, sa montagne de coupes et de médailles dira quelque chose de sa grandeur mais il manquera l’essentiel. Varane fut d’abord un défenseur d’une élégance rare.
Féroce sans montrer les dents, infranchissable sans salir son short
Rapide sans en donner l’air, féroce sans montrer les dents, infranchissable sans salir son short. L’élégance d’un Laurent Blanc dont il fut l’héritier le plus naturel dans la grande histoire de l’équipe de France. Varane, c’était la classe, la très grande classe même. Sur le terrain donc, en dehors aussi où il prenait le soin d’expliquer les victoires comme les rares défaites avec le même calme et le même soin. Il n’a jamais joué de rôle. Toujours honnête, il aura inspiré le respect du début jusqu’à son crépuscule.
L’ancien Lensois avait partagé son premier match en Bleu et même son premier ballon avec un autre bizuth ce soir-là, Paul Pogba. Deux hommes diamétralement opposés, le ying et le yang du football français, mais qui ont su accorder leur différence pour porter les Bleus au pinacle. Ils ont d’abord extirpé l’équipe de France du traumatisme post-Knysna en proposant aux supporters des personnalités attachantes et, surtout, des performances d’une fiabilité absolue. Surtout pour Varane, très vite incontournable.Il faudra se souvenir pour toujours que cette génération, qu’il incarne avec quelques autres et dont il ne reste qu’Antoine Griezmann aujourd’hui à Clairefontaine, a pris les Bleus tout en bas pour les mener tout en haut. Avec des contretemps, comme cette tête de Mats Hummels en quart de finale du Mondial brésilien qui restera comme une blessure pour Varane, battu dans ce duel.
2018, le sommet
Mais quatre ans plus tard, toujours en quart de finale, il réglera son compte à son passé en balançant un coup de casque face à l’Uruguay. Quatre jours plus tard, face à la Belgique, il livrera son meilleur match pour ouvrir la voie de la finale et du sacre. Immense à Saint-Pétersbourg, il avait définitivement éloigné les critiques sur son prétendu manque de caractère. Trop tendre Varane ? A 25 ans, au somment de sa carrière, il a élégamment éteint les débats. Cette année-là, si le Ballon d’Or n’était pas obsédé par les statistiques et si l’éparpillement des voix entre les Bleus ne lui avait pas été fatal, il aurait pu prétendre à la récompense individuelle suprême. Parce qu’il avait tout gagné et de quelle manière…
Il ne s’en sera jamais plaint. Ni de ça ni de rien parce qu’il n’a jamais donné de leçon, toujours assumé ses responsabilités, jamais fui. Depuis 2018, la suite fut moins glorieuse. Lassé mais surtout cassé par les rythmes déments imposés par le football d’aujourd’hui, il n’a jamais retrouvé son rayonnement sauf à de trop rares exceptions comme au Qatar où il a encore mené les Bleus en finale. Son aventure internationale s’achèvera après un France – Argentine joué à bout de souffle. Et alors que les légendes abîment parfois leur héritage en poussant le bouchon un peu trop loin, lui a tiré sa révérence pour laisser sa place sans rancœur ni regret. Avec élégance. Comme toujours.